Chacun d'entre nous lit le monde, les évènements, avec les lunettes de ses croyances, le plus souvent sans le savoir. De même, chaque société, culture, époque, fonctionne sur un certains nombres de croyances.
Notre représentation du monde induit des pensées, des logiques, des choix, des actes.
Les gouvernants n'y échappent pas.
Voyez ce "bon Roi René", il voulait le meilleur pour sa bonne ville d'Aix au 15ème siècle.
Ainsi, quand la peste a recommencé à parcourir l'Europe, il a voulu le meilleur remède pour protéger son peuple. Il a réglé les problèmes de santé publique à sa manière !
Les chroniques qui chantent ses louanges rapportent que pour lui, il n'était pas question de faire améliorer la recette ancestrale des thériaques ou des mitridats. Tout cela ne servait qu’à embellir les boutiques des apothicaires et à payer chèrement sa mort plutôt que de procurer la santé, disait-il ! Il ne voulait pas compter sur des secours terrestres, mais plutôt faire appel au ciel.
Le roi René a donc demandé au Pape Paul II la relique d’un saint qui pourrait « servir de préservatif contre la maladie contagieuse ». C’est ainsi que sont arrivés à Aix un fragment d’os de St André et une côte de St Sébastien. Restait à les faire enchâsser dans une pièce d’or fin ornée de pierreries accrochée à une croix d’or. Le tout a été offert à l’église St Sauveur de la ville en échange d’une promesse de procession annuelle tout autour de la ville et au dehors pour éloigner la peste. Ce qui fut fait tous les 20 janvier jusqu’à la révolution. Pour remercier de ce don d’une exceptionnelle valeur, l’archevêque a offert 40 jours d’indugences à perpétuité à ceux qui accompagneraient la procession.
La réalité a montré que le remède n'était pas très efficace...
Mais n'allez pas croire que ce roi était bête ou ignorant ! loin de là, il a été très novateur par ailleurs. Il avait simplement la représentation du monde de l'époque. Tout venait de Dieu, tout était voulu par lui. la peste était un fléau qu'il envoyait pour punir les hommes. C'était donc logiquement une affaire à régler avec le ciel.
A Marseille pourtant, on faisait du "en même temps". On unissait les ressources du ciel et de la terre et on commençait quand même à prendre les premières mesures de prophylaxie pour lutter contre la contagion. Les historiens nous apprennent aussi que l'Italie avait mis au point le meilleur système de quarantaine et de mesures sanitaires.
Aujourd'hui, nous entendons chaque jour que les choix politiques sont pris selon les analyses scientifiques. C'est "la vérité" du moment. Allez savoir si dans 200 ans, on ne rira pas de nous, de ce que nous avons cru, pensé et donc fait ?!
PETITES MATHEMATIQUES HUMAINES
Je crois, donc je pense, donc je fais... donc pour changer ce que je fais, je dois remonter à la source et revisiter mes croyances !