16 février 2024
A VOTRE AVIS ? quel agriculteur a poussé ces cris du cœur pleins de réalisme amer
Extraits :
« Ce qui nous tue, c’est cette liberté commerciale. Sans doute, les choses ont bien marché à la suite des traités… on a crié au miracle. Mais aujourd’hui, les véritables effets se font sentir, voyez comme tous les prix s’avilissent. Moi, je suis pour la protection, il faut qu’on nous défende contre l’étranger. »
« Voilà le terrible. D’un côté, nous autres, les paysans qui avons besoin de vendre nos grains à un prix rémunérateur. De l’autre, l’industrie qui pousse à la baisse pour diminuer les salaires. C’est la guerre acharnée, et comment finira-t-elle ? …/… ça ne peut pas finir… si le paysan vend bien son blé, l’ouvrier meurt de faim. Si l’ouvrier mange, c’est le paysan qui crève… alors, quoi ? Je ne sais pas, dévorons-nous les uns les autres ? »
« Dites-vous, Monsieur le député, que l’agriculture agonise, qu’elle est morte, si l’on ne vient pas à son secours. Tout l’écrase, les impôts, la concurrence étrangère, la hausse continue de la main d’œuvre, l’évolution de l’argent qui va vers l’industrie et les valeurs financières. Ah ! certes, on n’est pas avare de promesses, chacun les prodigue, les préfets, les ministres… et puis, la route poudroie et rien n’arrive… voulez-vous la stricte vérité ? aujourd’hui, un cultivateur qui tient le coup mange son argent ou celui des autres…/… la culbute est fatalement au bout…/… l’autre semaine encore, on a expulsé un de mes voisins, le père, la mère et les 4 enfants jetés à la rue, après que les hommes de loi ont eu mangé le bétail, la terre et la maison… pourtant voici des années qu’on nous promet la création d’un crédit agricole à taux raisonnables…/… et ça dégoûte même les bons travailleurs, ils en arrivent à se tâter avant de faire un enfant à leur femme. Merci ! une bouche de plus à nourrir, un meurt-la-faim qui serait désespéré de naître ! quand il n’y a pas de pain pour tous, on ne fait plus d’enfants, et la nation crève ! »
VOUS N’AVEZ PAS TROUVE ? ce n’est pas étonnant ! au moment où le monde agricole est en grande agitation pour cause de nécessité impérieuse d’évolution, ces mots sont dans les bouches de certaines catégories d’agriculteurs, de journalistes, de chroniqueurs, d’analystes, de simples citoyens.
NE CHERCHEZ PLUS… je vous dis tout ! Ce sont des héros de ZOLA qui parlent. Cet insatiable cultivateur de mots devant l’humanité a un jour planté sa plume dans la terre. Il en a poussé tout un roman LA TERRE, en 1887. Il y explore le monde paysan et les problèmes de l’agriculture en situant son roman en Beauce.
Les citations sont extraites d’un échange entre le député du coin, « ami de l’empereur » et un agriculteur. Il parcourt la campagne pour sa campagne électorale… Pour une réélection, on peut bien prendre le temps d’écouter les gens raconter leurs problèmes !
LES SIMILITUDES ENTRE LE TEMPS DE ZOLA ET LE NÔTRE
- le contexte de grande révolution industrielle : la mécanisation, l'énergie pour Zola, la biologie/chimie/génétique/informatique/communication, pour nous
- la signature de traités de libre-échange : quand Zola écrit LA TERRE, la France vit les conséquences du traité de libre-échange COBDEN-CHEVALIER de 1860, avec l'Angleterre puis d'autres pays européens. Le protectionnisme est rétabli en 1892. Pour nous, il s'agit des nombreux traités signés par l'Europe.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_Cobden-Chevalier
https://www.herodote.net/23_janvier_1860-evenement-18600123.php
VOILA UN BRIN DE CULTURE SUR L’AGRICULTURE… POUR UN PEU DE RECUL ! il faut toujours remettre l'actualité dans un contexte long et large pour en saisir la réalité et les enjeux